Groupement achats plasturgie applique une nouvelle stratégie
Publié dans « Europ Energies – octobre 2024 » dans la rubrique Acheteur du mois
La crise de l’énergie a agi comme un catalyseur et a transformé la façon d’acheter l’énergie d’un groupement d’industriels de la plasturgie.
Groupement achats plasturgie (GAP) a été créé en 2010 par la fusion de deux cercles d’achats plus anciens. Il associe 24 sociétés dont les sites sont répartis partout en France. Ces PME et TPE — telles que Demgy, Millet Plastics, PDG Plastiques et SGH Médical Pharma — sont des entreprises de transformation, qui fabriquent des produits en plastique, soit pour d’autres secteurs (BTP, automobile, agriculture, santé, emballage, etc.), soit directement pour des clients finals.
Plusieurs technologies permettent de travailler cette matière et d’en traiter la surface. L’énergie est notamment utilisée pour la montée en température et l’augmentation de la pression. Le groupement consomme quelque 110 GWh/an d’électricité et 16 GWh/an de gaz naturel. La consommation moyenne d’électricité d’un point de livraison est de 3,3 GWh/an ; un adhérent peut en avoir plusieurs. Le plus gros adhérent compte pour 33 GWh/an et le plus petit, 1 GWh/an. Le profil de soutirage des usines forme globalement un bandeau 24/7.
Du choc à la formalisation d’une stratégie
Embauchée pour son expérience en organisation transversale des grands groupes acquise dans le secteur de l’équipement automobile, Marie-Dominique Poggi coordonne GAP depuis une vingtaine d’années. « Ce groupement vise à massifier et à standardiser notamment les achats stratégiques, ainsi qu’à partager les bonnes pratiques. Il gère les achats d’emballages, de palettes, de téléphonie, de transport, etc. », explique-t-elle à EUROP’ENERGIES.
Les achats en énergie ont commencé en 2014. « Jusqu’à récemment, nous avons appliqué les outils et les méthodes utilisés pour les autres achats du métier », précise-t-elle. Mais à compter de 2021, la crise des prix a représenté « un vrai bouleversement ».
« Les entreprises n’étaient pas préparées à la violence de l’impact de ce poste sur leur activité, qui est devenu lourd et stratégique. Nous avons assisté à un changement de paradigme, sans espoir de retour au monde d’avant », ajoute Marie-Dominique Poggi.
Bref, GAP a très vite compris la nécessité de formaliser une stratégie, de mettre en place des outils pour suivre les marchés et les évolutions réglementaires, et de se former. La crise a ainsi conduit à « une professionnalisation de l’achat d’énergie ».
L’une des premières démarches a consisté à questionner les attentes et les besoins des parties prenantes. Ce qui a notamment débouché sur « la création, en 2021, d’un groupe de travail d’environ six personnes (dirigeants, responsables des achats ou directeurs financiers) désignées par les adhérents, qui se réunit une fois par mois. Les décisions sont ainsi prises de manière plus collégiale en matière d’achats d’énergie », précise l’acheteuse.
Côté formation, GAP s’est rapproché de sa fédération — Polyvia —, « qui a récemment adhéré au Cleee et qui a épaulé ses membres ». Marie-Dominique Poggi participe aussi à des conférences telles que Gazelec ou le Forum EUROP’ENERGIES. « De même, les fournisseurs ont joué un rôle en termes de pédagogie et de sensibilisation, et d’autres acteurs intermédiaires nous ont apporté des informations », précise-t-elle.
Bientôt un premier retour d’expérience
GAP a été accompagné par Alambre Energie, dirigé par Thérèse Sliva-Marion. « Nous fixions déjà les prix par clics, mais nous avons affiné le choix des maturités et fixé de nouvelles règles de gestion de ces clics », précise Marie-Dominique Poggi.
Des contrats ont été signés en 2023 et 2024 et les adhérents sont couverts jusqu’à la fin de 2027. « Nous entrons dans la phase de retour d’expérience, de mesure et de perfectionnement », explique l’acheteuse.
En outre, de nouvelles pistes sont examinées telles que les CADE (ou CPPA), l’autoconsommation (déjà pratiquée par certains membres) ou la valorisation de la capacité d’effacement. Un point reste cependant à éclaircir : celui du post-arenh. « Encore un impact à gérer… », commente sobrement Marie-Dominique Poggi.
Plastiques et Caoutchoucs Magazine
N°931 Juin-Juillet 2016
STRATÉGIE : S’approvisionner en temps de crise
Contractualisation, double homologation, achat groupé, partenariat, sourcing élargi…
Il existe plusieurs solutions pour se prémunir face à une pénurie de matières et/ou
une envolée des prix… Encore faut-il pouvoir les appliquer sur le terrain…
Par Fanny Perrin d’Arloz
Après quelques 70 cas de forces majeurs décrétés entre janvier et septembre 2015, le marché des matières semble bien moins mouvementé qu’escompté en ce premier semestre 2016. « Les acteurs s’attendaient à de gros bouleversements sur le polyéthylène suite à la réorientation de certains producteurs sur des produits à plus forte valeur ajoutée. Finalement, il n’y a pas eu de restriction particulière. Les prix sont stables depuis janvier sur les commodités », résume Jean-Claude Curtet, directeur général d’Alpha Matières Plastiques. Echaudés et plus proactifs, les plasturgistes tentent de déployer sur le moyen terme des stratégies pour mieux se préparer à d’éventuelles pénuries de matières et autres flambées des cours. « Au-delà de cela, il faut aussi et surtout faire preuve d’agilité sur le long terme », rappelle Marie-Dominique Poggi, fonction au Groupement d’Achats Professionnels (GAP). Ils sont aussi mieux informés ; toute la branche œuvrant dans ce sens. La Fédération de la Plasturgie et des Composites présentait ainsi, en janvier dernier, son « kit de force majeure » ; un guide pratique qui vise à rappeler les obligations qui incombent aux fournisseurs de matière en cas de force majeure et l’existence de la charte de bonnes pratiques entre la plasturgie et la chimie signée en 2012. « Moins frileux, les plasturgistes se dirigent plus volontiers vers la médiation lorsqu’ils rencontrent des difficultés avec leurs fournisseurs. La réforme actuelle du code Napoléon participe également à une modernisation des relations commerciales», avertit Thierry Charles, directeur des affaires juridiques au sein d’Allizé-Plasturgie.
Contractualiser…
Plus transparentes, les relations commerciales se doivent aussi d’être résolument plus contractuelles. « Même si ce n’est pas la voie royale, la plupart ont compris que cela peut sécuriser en partie leurs approvisionnements ; les fournisseurs devant leur fournir la moitié des quantités entendues en cas de force majeure », rappelle Jean-Claude Curtet. Une stratégie qui apparaît profitable pour les transformateurs de taille modeste et/ou qui ne bénéficient pas d’une trésorerie suffisante pour « veiller » au coût parfait et/ou qui manquent de visibilité sur leur marché. Et qui s’applique également aux contrats clients pour une meilleure adéquation entre stratégie de vente et d’achat en termes de prix.
Autre moyen pour sécuriser ses approvisionnements : se réunir au sein d’un groupement d’achat. Outil de veille et d’information, « il permet aussi d’accéder à un panel de fournisseurs plus large par le groupement des volumes et peut permettre à ses adhérents de se dépanner les uns les autres en matières », synthétise Marie-Dominique Poggi. A ce titre, la Fédération de la Plasturgie et des Composites réfléchit actuellement à la création d’une plateforme d’échange de matières entre plasturgistes français.
Malgré ses avantages notoires, le groupement reste une pratique assez peu usitée en France, et notamment dans le domaine de la plasturgie, d’après Simon Philibert, directeur des affaires économiques et de la compétitivité à la Fédération de la plasturgie et des Composites. « Les matières plastiques étant très variées, il est parfois fort délicat de les mutualiser. D’autre part, l’achat de matière reste aussi très stratégique».
Eviter tout risque de dépendance
Autre certitude, la double homologation matière est une pratique qui doit devenir plus courante pour limiter les risques de dépendances. Même si elle alourdit le cahier des charges, « son intérêt commence à être progressivement admis par les clients », souligne Thierry Charles. Recourir à des matières recyclées, quand l’application le permet, peut également être envisagé. Cela doit toutefois répondre à une réelle volonté de l’entreprise. « Le critère premier ne doit pas être le prix… Tout dépend si vous voulez valoriser ou dévaloriser le produit recyclé », met en garde Jean-Claude Curtet. Malgré son appétence, cette filière peine encore à se développer durablement.
Recourir à des producteurs hors Europe est aussi un axe à entrevoir. « Les plasturgistes ayant une taille critique acquièrent leurs matières en dehors de l’Europe via des distributeurs ; leur permettant, en cas de flambée des cours, d’obtenir des prix moins élevés à court terme. Ils ont cependant des difficultés à accéder aux offres de l’Amérique du nord, de l’Asie et du Moyen-Orient car ils sont souvent réorientés vers les bureaux de vente européens. Pour éviter cela, certains achètent de la matière via leur filiale », détaille Simon Philibert. C’est sur leur politique de stockage qu’agissent certains plasturgistes pour contrer les hausses de prix. « Ils essaient de louer des capacités de stockage lors que les cours sont bas ou ils s’organisent directement avec les producteurs », donne en exemple Simon Philibert.
Nouer des partenariats avec ses distributeurs
Cela suppose toutefois d’avoir de bons relais d’informations pour pouvoir anticiper et se prémunir en conséquence. Sur ces points, les distributeurs et compoundeurs, résolument mieux informés au niveau géostratégique, peuvent jouir d’un rôle élargi, en s’axant davantage sur la notion de service. « Au niveau du compound, notre rôle prend tout son sens. Nous pouvons anticiper l’évolution des marchés, constituer des stocks pour les clients, assumer certains risques en tenant compte des économies d’échelle. Sur le polymère spécifique, nous nous devons d’être le plus transparent possible vis-à-vis de nos clients. Sur les commodités, cela s’avère bien plus compliqué, d’autant qu’il existe des pseudo-monopoles sur certains créneaux. La vision marché est plus instable », commente Jean-Claude Curtet. En bref, il convient d’apprendre à décortiquer un marché résolument fluctuant, ou de déléguer, pour prendre de la maturité sur ses achats. Et Simon Philibert de conclure : « Le distributeur devrait être un maillon essentiel de la chaîne, surtout auprès des TPE-PME qui manquent d’information et de professionnalisation dans la fonction achat».
56 000, en nombre, les plasturgistes en Europe.
20, en nombre, les grands producteurs de matières plastiques en Europe.
7, en pourcentage, la part de recyclé dans la consommation de plastiques en France.
15, en M€, la dotation accordée en 2016 au dispositif Objectif Recyclage PLASTiques (ORPLAST), qui soutient financièrement l’intégration de matières plastiques recyclées par les plasturgistes et les transformateurs.
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